turkish star wars
lien:
www.nanarland.com/Chroniques/Main.php?id_film=tswL'homme qui va sauver le monde par Le rôdeur
Alerte ! Un méchant Darth Vader turc au masque en osier hérissé de piquants a décidé d'envahir la galaxie et se livre à une guerre des étoiles sans aucune pitié et surtout sans aucun respect pour la notion de propriété intellectuelle ! C'est sûr, c'est George Lucas qui a dû être content quand il a vu que la partie "space opera" de ce film n'était constituée que d'extraits de Star Wars montés en boucle !. Heureusement, deux héros, les look-a-likes de Pit et Rik du "Collaro Show", dont la star Cuneyt Arkin ("Ninja la castagne", "Les trois Supermen contre le Parrain", "Lionman", et une centaine d'autres dans ce genre là..., un client donc !), s'opposent à l'armée intergalactique du Grand Vilain, essayant tant bien que mal d'avoir l'air convaincus devant leurs incrustations de Star Wars.
Hélas pour eux, nos héros se crashent sur une planète inconnue qui ressemble étonnamment à un flanc de montagne érodé. Progressant péniblement par petits bonds de héros entre les cailloux, les deux gentils aperçoivent soudain les vestiges d'une antique civilisation constituées pêle-mêle d'images de la pyramide de Gizeh et d'une église byzantine.
A peine remis de leur surprise, nos héros sont attaqués par une bande de méchants squelettes à cheval. S'ensuit la bagarre inévitable aux raccords hasardeux, qui voit Cuneyt Arkin zigouiller des tas de méchants façon "j'te touche, t'es mort" en accéléré comme dans Benny Hill (mais sur la musique d'Indiana Jones !), se payant le luxe de décapiter quelques mannequins en mousse au passage ou d'envoyer des coups de poings vers l'objectif de la caméra, une bonne idée qu'on trouve dans de nombreux nanars et qui donne systématiquement un résultat foireux.
Malgré leur victoire éclatante sur les squelettes en mousse de l'empire du mal, Cuneyt et son collègue sont bientôt capturés par des robots à épaulettes, armés de fusil laser dont les rayons sont obtenus en grattant la pelloche au scalpel. Nos héros sont conduits dans des maisons troglodytes où s'entassent les esclaves humains que le maudit empire de la force obscure et ses armées de sbires aux looks un brin kitch retiennent sous leur joug, les jetant en pâture de temps à autres à des gladiateurs en fer blanc, le Darth Vader de service se livrant parfois sur eux à des transfusions de jus de cerveau dans l'espoir de devenir Maitre du Monde (cherchez pas à comprendre, c'est Kuneyt qui a écrit le scénar...).
A partir de là, le plan est simple : toujours sur la musique (énervante à force !) d'Indiana Jones, Cuneyt Arkin va mettre la pâtée à une kyrielle de méchants contre lesquels même X-Or, le shérif de l'espace, refuserait de se battre tellement ils sont laids : momies en PQ, monstres en peluche auxquels notre héros coupe les bras griffus pour les leurs planter dans la carotide, diablotins hideux ornés de masques de carnaval fait main (et ça se voit !), robots caoutchouteux qui clignotent de la tête, etc. Le tout est filmé à l'arrache et monté n'importe comment, parsemé d'idées biscornues d'une nanardise à toute épreuve, telles les scènes d'entraînement du héros, bondissant sur des trampolines hors-champ (mais dont on devine encore davantage la présence que dans "l'homme-puma"), se frappant les mains sur un rocher pour s'endurcir les os ou bien encore faisant du jogging avec des pierres en carton-pâte attachées aux chevilles (un grand moment !).
Devenu la tête de turc de l'empire du mal, Cuneyt voit fondre sur lui des armées de craignos monsters qu'il parvient à repousser avec une arme absolue, un glaive en bois terriblement moche.
Puis vient le combat final avec le Turkish Darth Vader, expert dans l'art de la disparition subite et de l'explosion de bombinette (un véritable ninja d'outre-espace !). Cuneyt parvient à le feinter grâce à une astuce hallucinante : il dissout son épée en bois dans de l'eau chaude, se trempe les mains dans la mixture et devient invincible des mains grâce à une seyante paire de gants en glaive fondu. D'un atémi bien placé, il fend le Grand Méchant en deux dans le sens de la hauteur, l'effet spécial étant rendu par un cache noir placé sur l'objectif qui masque la moitié du visage du comédien interprétant le génie du mal. Tout simplement époustouflant !
Plagiat de tout et n'importe quoi (de Star Wars à Excalibur en passant par Maciste et La Planète des singes) ce film est un véritable choc nanar qui enterre haut la main toutes les expériences bricolo-kitch du bis européen ou asiatique, Turquie comprise (et pourtant, Dieu sait que " White Fire" ou "Yor" co-productions turques étaient déjà du surchoix). Aussi moche qu'un space opéra d'Al Bradly, avec un art du montage d'extraits d'archives d'une maîtrise comparable à celle de Godfrey Ho dans ses meilleurs moments, gavé de monstres encore plus minables que dans les kai-ju les plus infâmes, ceci n'est pas un film, c'est une synthèse. Une sorte de nanar terminal bruité au buzzer et au xylophone, exécuté par des crâmés du bulbe. C'est quasiment insurpassable ; de la folie furieuse du début à la fin. Et bien que la pratique du stock-shot abusif de "Star Wars" grève malheureusement d'entrée toute possibilité d'exploitation commerciale de "Tukish Star Wars" dans un circuit légal en occident, ce film qui circule dans le milieu underground des cinéphiles déviationnistes est à découvrir de toute urgence pour qui s'intéresse de près ou de loin à l'univers des mauvaises bandes sympathiques.[/img]